lundi 15 février 2010

THE ZU SIDE OF CHADBOURNE (2000)

Croisant le fer avec le groupe de free-punk italien Zu, le docteur livre ici treize machins totalement improbables, télescopages en toute liberté d'influences hétérogènes, de punk et même d'une sorte de métal (non répertoriée dans le tableau de classement périodique des éléments), de jazz et de frit. Le tout, excellemment restitué avec un son à la hauteur, est un voyage aussi surprenant que jubilatoire, plein d'énergie, de surprise et de groove latent (comme la bête enfouie dans le lagon noir, qui attend son heure, mais qu'on sent frémir à la surface - la bête ici, c'est la basse de Massimo). Pour couronner le tout, les titres sont empruntés à des grands classiques, mais chadbournisés (juste au niveau du titre, car les morceaux n'ont rien à voir avec ceux auxquels ils font référence). On ne peut résister au plaisir d'en citer quelques-uns: Chadbourne in the sky with diamonds, Holiday in chadbournia, Ascenseur pour le chadbourne, et enfin l'alléchant Everybody needs a chadbourne (to love). Deux titres résistent à la blague: le Cosmos de coltrane, et Spirits de Albert Ayler. C'est d'ailleurs davantage à ces deux divinités tutélaires qu'à l'humour potache des détournements de titres qu'il faut se fier. The Zu side est un disque free du meilleur cru. Avis aux amateurs.
ALG

Fructueuse rencontre avec la formation italienne lors du «Résurrection festival» de 1999 à Rome, pour une formule purement instrumentale avec un docteur Chadbourne en guest star omniprésente, jusque dans les titres des morceaux.
Dans un style fusion qui fait penser aux hollandais de The Ex, le groupe marie l'énergie brutale du punk rock à la finesse et la créativité du jazz. Une rythmique souple et puissante (gros son de basse et batterie énervée) qui ouvre le terrain au jeu virtuose de la trompette érudite de Roy Pacci, se trouvant au premier plan et seul souffleur, en l'absence occasionnelle du saxophoniste Luca Mai.
Chadbourne évolue en électron libre, travaillant en contrepoint des textures à la guitare électrique, réussissant à faire monter le taux d'adrénaline par quelques poussées soniques et envolées lyriques déjantées dont il a le secret.
Ne pas se laisser abuser par l'apparence déconneuse du groupe ou le détournement des titres (attention il ne s'agit pas des thèmes originaux !) car toutes les musiques sont en fait très largement improvisées mais avec une rigueur et une précision permettant le développement inspiré et aventureux de morceaux très variés.
A noter entre autre la magnifique progression et la tension d'un morceau tel que Porgy & Chadbourne, dans un registre pourtant moins speed. Egalement quelques passages dans un style jazz plus classique et au climat étrange (Inna Gadda Na Chadbourne).
Un album dense et excitant, plutôt inclassable, qui réclame une écoute attentive. Son apparente complexité et son ambiance quelque peu tourmentée (la fameuse Zu side ?) pourra rebuter ceux qui préfèreront les chemins plus balisés des reprises du successeur Motorellington.
EG


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